Dans le monde

Vous avez tous pris connaissance des horreurs qui se sont passées et qui se passent encore dans ce territoire français : pillages, incendies, destructions, tirs mortels. Je m’exprime aujourd’hui en tant que père de Jean-Baptiste qui y vit depuis 7 ans, avec Adeline et leurs 3 enfants, Sarah 16 ans, Noé 12 ans et Gabriel 5 ans. Grâce à internet, ils nous ont rapporté la vie infernale imposée par ces émeutes : peur au ventre, traumatisme des enfants, risque de pillage voire de destruction de leur maison, douleur de voir des écoles en partie incendiées. Dans leur quartier, pour tenter de se protéger contre ces risques, des surveillances ont été mises en place pour repérer d’éventuels émeutiers : Jean-Baptiste y participait de 18h à 6h du matin, avec un brassard blanc porté par les « voisins vigilants ».
Malgré les forces de l’ordre envoyé par notre gouvernement les émeutes subsistent, au point que Jean-Baptiste et Adeline envisagent de quitter ces lieux qu’ils aimaient. Sarah est d’ores et déjà rentrée en métropole dans notre famille pour poursuivre sa scolarité.
C’était la face noire de cette situation, mais un aspect positif est né de la volonté de gens de leur quartier de se mobiliser pour lutter contre les effets négatifs. Lorsque toutes les écoles étaient fermées, des volontaires réunissaient des enfants, donnant des cours aux plus grands, préparant des cadeaux pour la fête des mères, organisant des séances de maquillages, des activités sportives, bref occupant ces enfants de manière positive et les sortant de cette atmosphère angoissante. Le blocage des routes empêchant l’accès de l’EHPAD à d’autres aides-soignantes et aux parents des résidents, des jeunes, dont Sarah, venaient en renfort du personnel présent mais débordé. Ils aidaient aux soins, parlaient et distrayaient les personnes isolées, aidaient au ménage. Cette mobilisation, ces actions en faveur des enfants, ces services rendus ont créé des liens nouveaux entre les gens du quartier. Avant, ils se voyaient mais maintenant ils se connaissent et s’apprécient. L’ambiance n’y sera plus jamais la même.
Jean-Claude Hennion